Les voitures électriques sont depuis des années au centre du débat sur les champs électromagnétiques ou CEM. L’ADAC (club automobile allemand) a de nouveau publié des données de mesure censées montrer que l’exposition aux champs magnétiques se situe nettement en dessous des valeurs de référence de l’ICNIRP (International Commission on Non-Ionizing Radiation Protection). Mais en y regardant de plus près, on constate que ces résultats ne répondent pas à toutes les questions pertinentes.

En tant que fabricant de technologie de mesure CEM de haute précision et leader du marché depuis de nombreuses années dans la mesure des hautes et basses fréquences, Gigahertz-Solutions ne souhaite pas créer d’alarmisme – mais plutôt examiner de manière critique si les approches d’évaluation actuelles suffisent à représenter équitablement l’exposition réelle dans un véhicule.
La situation en Allemagne avec l’avis des organismes officiels qui se range souvent du coté de l’industrie est tout aussi comparable dans nos pays francophones.
1. Les valeurs de référence de l’ICNIRP sont-elles encore adaptées aujourd’hui?
L’évaluation de l’ADAC s’appuie sur l’ICNIRP de1998 et l’ICNIRP de 2010 – des modèles de valeurs limites basés exclusivement sur l’évitement des effets thermiques.
Ce que ces modèles ne prennent pas en compte :
- les effets biologiques en dessous des seuils thermiques
- la combinaison de différentes sources CEM
- les expositions à long terme
- les effets à l’intérieur du véhicule (cage de Faraday → réflexion des champs)
- les groupes de personnes sensibles
- les interactions non thermiques
Cela signifie :
Les valeurs limites officielles ne constituent pas nécessairement une mesure de l’innocuité réelle, mais plutôt de la sécurité thermique.
Il est donc légitime de se demander si ces critères sont encore suffisants en 2025.
2. Une exposition globale réelle plutôt que des sources isolées
L’Office fédéral allemand pour la protection contre les rayonnements (Bundesamt für Strahlenschutz, BfS) et de nombreuses normes définies par les organismes de contrôle dans les autres pays ne considèrent généralement qu’une seule source : par exemple le moteur, le câble haute tension ou un chargeur.
Dans les véhicules modernes, il se crée toutefois une situation électromagnétique mixte complexe, par exemple en raison de :
- motorisations électriques et récupération d’énergie
- flux de courant élevé lors de l’accélération
- électronique de bord, écrans, onduleurs
- téléphones portables utilisés par plusieurs occupants
- utilisation de hotspot, Bluetooth, Wi-Fi
- DAB+, radio, amplificateurs d’antenne
- émetteurs de télécommunication externes et radars
- …
Les mesures de l’ADAC reflètent principalement le véhicule lui-même – mais pas le quotidien dans la voiture.
Une image réaliste exigerait :
- une détection simultanée des hautes et basses fréquences (HF et BF)
- des données de longue durée plutôt que des instantanés
- des mesures lors de fortes accélérations, de récupération d’énergie, d’embouteillages, etc.
- l’évaluation des réflexions à l’intérieur du véhicule
- des scénarios multi-appareils (deux à quatre smartphones dans la voiture sont aujourd’hui tout à fait courants)
Tant que ces aspects manquent, l’évaluation demeure incomplète – pas erronée, mais limitée.
3. Critique centrale du BfS allemand : la norme ignore les pics de champ les plus élevés (< 200 ms)
Le point peut-être le plus important provient des documents officiels du BfS :
Les indices d’exposition les plus élevés dans les véhicules proviennent de pics de champ magnétique transitoires extrêmement courts – c’est-à-dire des variations de charge très rapides lors de l’accélération ou de la récupération d’énergie. Or ces pics ne sont pas détectés par la norme de mesure utilisée, l’EN IEC 62764-1 (EN IEC = Norme européenne – Commission électrotechnique internationale).
Le BfS écrit à ce sujet :
« Les indices d’exposition les plus élevés ont été causés par des événements transitoires […] La norme EN IEC 62764-1 ne détecte pas les événements d’une durée inférieure à 200 ms. »
Il ajoute :
« La norme ne peut donc pas être considérée comme suffisante pour une évaluation complète de la radioprotection, car selon l’ICNIRP 1998 et 2010, les pics de courte durée doivent également être pris en compte. »
Qu’est-ce que cela signifie pour l’évaluation ?
- Les pics les plus élevés observés en conditions réelles ne sont pas enregistrés.
- Par conséquent, aucune évaluation complète de l’exposition n’est possible.
- Et ce bien que l’ICNIRP elle-même souligne que les pics de champ de courte durée peuvent être biologiquement pertinents.
- Il en résulte une possible sous-estimation systématique de l’exposition réelle.
Ce n’est pas un problème lié aux véhicules – mais à la norme de mesure, qui repose sur des hypothèses dépassées.
4. Quelles conclusions pour les consommateurs?
Nous n’affirmons pas que les voitures électriques sont « dangereuses ».
Nous n’affirmons pas non plus que les données de l’ADAC sont inutilisables.
Mais nous constatons :
- L’approche des valeurs limites doit être modernisée.
- L’exposition réelle dans le véhicule est plus complexe que ce qui est actuellement mesuré.
- La composante la plus importante du champ (pics < 200 ms) est totalement ignorée.
- Les mesures de sources isolées ne suffisent pas à évaluer la situation globale.
Pour une évaluation fiable, il faut :
- une mesure HF & BF simultanée
- un enregistrement de longue durée
- une détection des pics sans limite de 200 ms
- des mesures dans des situations de conduite réelles
- la prise en compte de l’exposition à l’intérieur du véhicule
De telles méthodes de mesure sont déjà utilisées dans le domaine professionnel et Gigahertz Solutions développe depuis 1997 des appareils capables de rendre visible cette complexité. Retrouvez-les sur notre site:
5. Conclusion : rester ouvert, mais vigilant
Des normes améliorées, des approches d’évaluation modernes et des méthodes de mesure capables de refléter la réalité dans le véhicule sont nécessaires.
En attendant :
S’informer, mesurer, comprendre – et prendre des mesures de précaution lorsque cela est judicieux et possible.
Etudes & Vie représentant francophone et Gigahertz-Solutions fabricant allemand des technologies de mesure, activement engagés dans cette discussion soutiennent toutes les évolutions menant à une plus grande transparence et à de meilleures normes de mesure adaptée à l’être humain.
Source-credit: Gigahertz-solutions
