Bureau etudes et vie

La radioactivitĂ© – Le radon dans nos maisons

Introduction

Bien avant de connaĂźtre la radioactivitĂ© et ses effets, des esprits Ă©clairĂ©s avaient dĂ©tectĂ© les effets nĂ©fastes dans des environnements donnĂ©s. En 1556, un scientifique d’Europe Centrale, AGRICOLA, Ă©crivait le premier traitĂ© de prospection, d’exploitation miniĂšre et de mĂ©tallurgie (De Re Metallica). Il avait remarquĂ© que des maladies pulmonaires fatales frappaient les travailleurs des mines de pechblende Ă  Jockymov en TchĂ©colovaquie.

Il nous dit : « La pechblende est un des principaux minerais d’uranium, il y a du radon lĂ -dessous ! » Mais il ne pouvait pas encore comprendre clairement sa dĂ©couverte ».

Le radium fut découvert par Pierre et Marie Curie en 1898 avec la pechblende (roche contenant beaucoup de radium). Le radon deux ans plus tard par F.E. Dorn.

La radioactivitĂ© quant Ă  elle fut dĂ©couverte fortuitement auparavant par Becquerel en 1896. Il constata une Ă©mission de rayonnement (taches) sur des plaques photographiques provenant d’un minerais d’uranium.

Les trois types rayonnements radioactifs

Source : Docteur Suzanne Deoux et Pierre Deoux : « l’Ecologie c’est la santĂ© » ed. Frison-Roche 1993

Le rayonnement alpha

  • Emission d’une partie d’un noyau de l’atome (noyau d’hĂ©lium) = 2 protons + 2 neutrons
  • Charge positive et Ă©nergie Ă©levĂ©e : entre 4 et 9 MeV
  • PĂ©nĂ©tration faible arrĂȘtĂ©e par une feuille de papier
  • Risque imitĂ© d’irradiation externe
  • Dangereux par inhalation lors de la pĂ©nĂ©tration dans le corps
  • ex : radon, thoron, plutonium, amĂ©ricum

Le rayonnement Béta

  • Ejection d’un Ă©lectron
  • Charge nĂ©gative
  • Energie plus faible : entre 1,5 et 3,4 MeV
  • PĂ©nĂ©tration un peu plus grande
  • ArrĂȘtĂ© par une feuille d’aluminium
  • Ex : cobalt 60, cĂ©sium 137, baryum 133, thorium 234, strontium 90.

Le rayonnement Gamma

  • Onde Ă©lectromagnĂ©tique
  • BouffĂ©e d’énergie sans particule et se dĂ©place Ă  la vitesse de la lumiĂšre
  • Energie faible : entre 0,3 et 2 MeV
  • PĂ©nĂ©tration trĂšs forte
  • ArrĂȘtĂ© par une feuille de plomb ou de bĂ©ton Ă©paisse.

Certaines rĂ©gions de diffĂ©rents pays dans le monde sont confrontĂ©es Ă  la prĂ©sence d’un gaz radioactif naturel Ă©metteur de particules alpha : le radon.

Qu’est-ce que le radon ? D’oĂč vient-il ?

Sans odeur, sans couleur, le radon est un gaz radioactif naturel provenant de la dĂ©sintĂ©gration de l’uranium 238 (radon 222), de l’uranium 235 (radon 219) ou du thorium 232 (radon 220) qui affleure la surface du sol. Cependant, c’est le radon 222 que l’on trouve en plus grande quantitĂ© ; c’est le plus  » vigoureux  » des trois frĂšres !

Le radon est un Ă©metteur de particules alpha. Ce gaz se trouve partout sur toute la surface de la planĂšte. Il appartient Ă  la famille des gaz rares (hĂ©lium, nĂ©on, krypton …) et en possĂšde les propriĂ©tĂ©s chimiques : inodore, tricolores sans saveur, ne rĂ©agissant pas chimiquement avec les autres Ă©lĂ©ments. C’est le seul gaz rare Ă  ĂȘtre naturellement prĂ©sent dans toute l’Ă©corce terrestre. Le radon 222 est le descendant direct du radium 226.

Il s’infiltre dans les habitations par les fissures, les jointures, les canalisations… Il provient principalement du sous-sol (roches, failles, eaux….), mais aussi des matĂ©riaux de construction qui contiennent, en plus ou moins grandes quan-titĂ©s, du radium. Lorsque les Ă©manations sont importantes et le renouvellement d’air insuffisant, le radon s’y accumule, pouvant atteindre dans certains cas des teneurs trĂšs Ă©levĂ©es.

Le radon Ă©mane du sol et se dilue rapidement dans l’air extĂ©rieur. Il va par contre s’accumuler dans tous les espaces qui sont peu ou mal aĂ©rĂ©s : les cavitĂ©s naturelles mais aussi les habitations. Cette accumulation reprĂ©sente un risque pour la santĂ©.

Certains chercheurs suggĂšrent une relation entre l’exposition au radon et la leucĂ©mie ainsi que le cancer du poumon (qui augmente avec la consommation de tabac). On estime qu’environ un minimum de 800 personnes sont victimes de ce gaz invisible et inodore chaque annĂ©e en Belgique.

OĂč risque-t-on d’ĂȘtre le plus exposĂ© au radon ?

Tout va dĂ©pendre de la durĂ©e d’exposition. Une exposition brĂšve dans une grotte, n’est pas dangereuse. Nous estimons que le danger existe dĂ©jĂ  lorsque les valeurs dĂ©passent 150 Bq/m3.

La prĂ©sence de faille gĂ©ologique sous la maison, certains plĂątres ou ciments, des fissures, des cavitĂ©s, des canalisations, des vides non ventilĂ©s, vont ĂȘtre la cause principale d’une accumulation de ce gaz radioactif dans les piĂšce de sĂ©jour. De plus, pour peu que l’on habite dans des rĂ©gions oĂč le sol est particuliĂšrement granitique, le risque augmente encore. Dans les terres et les roches, il y a parfois de l’uranium, du granit, du schiste argileux ou du phosphate ce qui correspond Ă  la principale source de radon. Les cartes gĂ©ologiques de Belgique nous donnent dĂ©jĂ  une indication trĂšs prĂ©cise concernant le type de sol. On rencontre l’uranium dans presque toutes les roches et dans les sols. Un schiste provenant du Condroz renferme entre 2 et 3 ppm d’uranium alors qu’un grĂšs particulier de l’Ardenne que les gĂ©ologues appellent le « GrĂšs d’Anor » n’en contient que 1,8 ppm. Par contre, un schiste revinien (42,4 ppm) du massif de Stavelot, un grĂšs schisteux siegĂ©nien (25 ppm) provenant d’une anomalie uranifĂšre Ă  Daverdisse, un calcaire (8,5 ppm) et un schiste grĂ©seux (86,2 ppm) carbonifĂšres du passage entre le Dinantien et le Namurien prĂšs d’AnhĂ©e et Bioul et enfin, un phosphate de Ciply (40,7) contiennent beaucoup plus d’uranium susceptible de provoquer du radon dans les maisons.

Dans une atmosphĂšre confinĂ©e, oĂč le renouvellement de l’air est insuffisant, le radon s’accumule et peut atteindre des niveaux trĂšs Ă©levĂ©s. Certaines maisons deviennent ainsi de vĂ©ritables « piĂšges Ă  radon « .

Des mesures ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es depuis 1995 pendant plus de quatre ans dans dix mille foyers belges. L’Agence FĂ©dĂ©rale de contrĂŽle nuclĂ©aire dispose maintenant de la rĂ©partition des Ă©missions de radon en Belgique. C’est le premier aboutissement d’une carte qui rĂ©pertorie les arrondissements les plus touchĂ©s. Trois rĂ©gions les plus touchĂ©es sont : NeufchĂąteaux, Bastogne et Verviers.

D’autres rĂ©gions en Belgique sont Ă©galement concernĂ©es par la prĂ©sence du radon : en Ardennes (BiĂšvre, Gaume
), une partie de la province de liĂšge (VisĂ©, Herstal, Verviers, Herve
.), la rĂ©gion de Mons (Ciply,
), ainsi que Court-St-Etienne, Villers-la-Ville avec des valeurs parfois supĂ©rieures Ă  400 Bq/m3 !

  1. Infiltration Ă  travers les jointures du plancher.
  2. Progression du radon entre les blocs de bĂ©ton et le parement extĂ©rieur en briques puis Infiltration Ă  l’interface mur/dalle.
  3. Infiltration par les murs de parpaings (blocs creux).
  4. Infiltration par les fissures de la dalle.
  5. Diffusion Ă  partir du sol de terre battue.
  6. Infiltration par le passage des canalisations d’eau, conduites de gaz, cĂąbles Ă©lectriques, etc…
  7. PĂ©nĂ©tration par l’intĂ©rieur des canalisations puis infiltration au niveau des joints mal scel- lĂ©s.
  8. Emanation à partir des matériaux de construction.
  9. Vaporisation du radon prĂ©sent dans l’eau.

Principales voies de pénétration

radon dans la maison

Le pourcentage de radon exhalĂ© par le sol dĂ©pend de son pouvoir d’émanation (la quantitĂ© d’atomes de radon qui parvient Ă  se dĂ©gager des particules solides) et de sa permĂ©abilitĂ© qui va favoriser ou au contraire ralentir la progression des atomes qui se sont libĂ©rĂ©s de la fraction minĂ©rale. La circulation est trĂšs facile dans les couches de galets, relativement aisĂ©e dans le sable, trĂšs faible par contre dans un sol d’argile fine. Les zones de fracture et les failles constituent des voies d’acheminement extrĂȘmement rapide.

La pĂ©nĂ©tration du radon dans le bĂątiment va dĂ©pendre de l’importance des voies de passage et du flux d’air. Moins le bĂątiment est Ă©tanche vis-Ă -vis du sol sous-jacent (fissures, dĂ©fauts de jointoyage, etc), plus la pĂ©nĂ©tration du radon sera aisĂ©e. La quantitĂ© de radon qui s’infiltre dĂ©pend Ă©galement de la pression qui rĂšgne dans l’habitat. Plus il est en dĂ©pression par rapport au sol sous-jacent, plus le radon est aspirĂ© vers l’intĂ©rieur. Ce phĂ©nomĂšne est accentuĂ© par les diffĂ©rences de tempĂ©rature (en pĂ©riode froide, le chauffage des piĂšces habitĂ©es crĂ©e un effet de cheminĂ©e qui aspire le radon), par le vent (qui accroĂźt la mise en dĂ©pression de l’habitat) et par le fonctionnement d’extracteurs d’air ou de chauffages Ă  combustion.

Les modalités de mesures

Certaines maisons constituent de vĂ©ritables « piĂšges Ă  radon ». Diverses mĂ©thodes sont utilisĂ©es pour estimer la contribution du radon Ă  l’exposition du public aux rayonnements naturels.

Il existe la mĂ©thode qui consiste Ă  mesurer dans l’air les radiations Ă  l’aide d’un dĂ©tecteur sensible aux Ă©missions alpha (tube Geiger MĂŒller alpha). On compare une moyenne de mesures par rapport au « bruit de fond » ambiant, c’est-Ă -dire par rapport Ă  la radioactivitĂ© naturelle. L’objectif est d’évaluer en un point la quantitĂ© de rayonnement alpha (radon), bĂ©ta ou gamma qui Ă©mane du sol, de l’espace ou des objets environnants voire des matĂ©riaux de construction.

 

La comparaison entre une sĂ©rie de mesures effectuĂ©es en plusieurs points d’un mĂȘme lieu pourra permettre Ă©ventuellement de dĂ©celer la prĂ©sence de sources de radioactivitĂ©. Quelle que soit la technique de mesure employĂ©e pour apprĂ©hender les phĂ©nomĂšnes radioactifs, il faut toujours avoir Ă  l’esprit que les rayonnements ionisants dĂ©tectĂ©s sont Ă©mis lors de la dĂ©sintĂ©gration des radionuclĂ©ides prĂ©sents dans l’environnement de l’appareil et que cette dĂ©sintĂ©gration obĂ©it Ă  des phĂ©nomĂšnes statistiques. Dans ce cas, on tiendra compte principalement d’une valeur augmentant de deux, trois, quatre fois (ou plus) par rapport Ă  l’intensitĂ© de la radioactivitĂ© naturelle.

Pour notre part, nous rĂ©alisons une mesure d’orientation sur place avec un dĂ©tecteur Ă©talonnĂ© sensible aux radiations alpha, bĂ©ta et gamma (gamma-Scout) Ă  la demande de particuliers ou d’entreprises. En cas de suspicion de radioactivitĂ© Ă©levĂ©e, nous renvoyons les personnes vers un laboratoire indĂ©pendant spĂ©cialisĂ©.

Une autre mĂ©thode consiste soit Ă  rĂ©aliser un prĂ©lĂšvement de terre soit Ă  utiliser un systĂšme passif composĂ© de charbon actif et d’une cellule sensible aux particules alpha. Ce dernier nĂ©cessite un laboratoire indĂ©pendant pour rĂ©aliser les analyses du radon  » piĂ©gĂ© dans le charbon actif « . Ces mesures sont peu coĂ»teuses et permettent de dĂ©terminer rapidement si un risque potentiel existe.

– Le Canister Ă  charbon actif : Vous recevez un capteur rempli de charbon actif (qui a la propriĂ©tĂ© de piĂ©ger le radon). Ensuite, il devra rester exposĂ© 2 jours dans la piĂšce Ă  contrĂŽler, puis ĂȘtre retournĂ© au laboratoire d’analyse.

– Le film Kodalpha (film L.R.115) : C’est un DĂ©tecteur Solide de Traces NuclĂ©aires (D.S.T.N.). Vous recevez un petit boĂźtier contenant un film sensible Ă  l’impact des particules alpha Ă©mises lors de la dĂ©sintĂ©gration du radon et de ses descendants. Ce film exposĂ© de 2 Ă  12 mois donnera un niveau moyen d’exposition sur un an. Il est conseillĂ© de l’utiliser durant au moins un mois. Les capteurs ou les films se placent en gĂ©nĂ©ral dans les piĂšces oĂč l’on passe le plus de temps (chambre Ă  coucher, salle de sĂ©jour
). On peu aussi choisir la piĂšce la plus exposĂ©e comme une cave mal aĂ©rĂ©e ou un vide non ventilĂ© afin de connaĂźtre le niveau le plus Ă©levĂ©.

La concentration en radon peut varier d’une piĂšce Ă  l’autre et d’un Ă©tage Ă  l’autre. Il est donc difficile, avec une seule mesure, de dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment votre niveau d’exposition.

C’est pourquoi, il est conseillĂ© de rĂ©aliser un bilan de radon basĂ© sur un minimum de 3 films

  • au sous-sol (cave ou vide sanitaire) : oĂč le taux de radon est gĂ©nĂ©ralement le plus Ă©levĂ©.
  • au rez-de-chaussĂ©e (sĂ©jour ou cuisine) : piĂšce centrale de l’habitation.
  • dans la chambre (quel que soit l’Ă©tage) : piĂšce oĂč l’on passe le plus de temps.

D’autres analyses peuvent ĂȘtre Ă©galement rĂ©alisĂ©es pour dĂ©terminer la contamination d’un produit (champignons, plantes aromatiques, aliments
). Ceci ne concerne plus le radon Ă  proprement parler. Ces analyses sont alors effectuĂ©es en spectromĂ©trie gamma au moyen de dĂ©tecteurs spĂ©ciaux. Les rĂ©sultats obtenus montrent les divers radioĂ©lĂ©ments identifiĂ©s et les niveaux de contamination mesurĂ©s, en becquerels par Kilo.

Des matériaux radioactifs ?

Des dĂ©chets radioactifs sont produits chaque annĂ©e dans le secteur de l’industrie nuclĂ©aire. En aval, ceux-ci sont entreposĂ©s trĂšs longtemps. Mais ce ne sont pas les seuls ; il existe d’autres dĂ©chets radioactifs produits dans les secteurs industriels qui utilisent, pour des applications diverses, des matiĂšres premiĂšres naturellement riches en uranium, radium ou thorium.

C’est le cas pour certaines industries de production d’engrais, des installations qui produisent les cĂ©ramiques et les matĂ©riaux rĂ©fractaires, les usines qui traitent la monazite pour fabriquer des terres rares utilisĂ©es dans les composantes Ă©lectroniques ou les pots catalytiques, en aĂ©ronautique pour certains alliages, dans la fabrication des pierres de briquet, pour certaines peintures (pigments), dans certaines baguettes de soudures au thorium etc


Dans le secteur de la construction, il faut savoir que naturellement tous les matĂ©riaux contiennent un peu de radioactivitĂ© mais en concentration variĂ©e. Par exemple, certains plĂątres et ciments peuvent se rĂ©vĂ©ler plus radioactifs que d’autres. De mĂȘme que certaines laines de verre dans lesquelles on incorpore du silicate de sodium (composĂ© de radium et d’uranium) qui est naturellement radioactif. De plus, la radioactivitĂ© du silicate de sodium n’est pas trĂšs Ă©levĂ©e mais elle persiste des milliers d’annĂ©es ! Cependant, considĂ©rĂ© isolĂ©ment, ce dernier ne pose pas encore de problĂšmes graves en terme de santĂ© publique. Ceci dit, la situation pourrait changer si d’autres produits Ă©taient concernĂ©s et prĂ©sents en plus grande quantitĂ©. Le risque de dĂ©veloppement est toujours possible. A fortiori, le recyclage de ces produits mĂȘme faiblement radioactifs va poser des problĂšmes futurs. Probablement qu’un Ă©tiquetage informant le consommateur sur le produit serait une bonne solution. Mais les fabricants ne l’entendent probablement pas de cette oreille
 Tout dĂ©pend dĂ©sormais de la mobilisation de l’opinion publique en faveur d’une gestion qui prĂ©serve Ă  long terme leur santĂ© et leur environnement.

Inversement, il existe des matĂ©riaux de construction dits « biologiques » sĂ©lectionnĂ©s pour leur faible radioactivitĂ©. Il existe des marchands et entrepreneurs spĂ©cialisĂ©s dans ce type de produits. Depuis ces cinq derniĂšres annĂ©es, la demande des nouveaux candidats bĂątisseurs est sans cesse croissante. Elle abonde dans le sens de la recherche d’un bien-ĂȘtre et d’un habitat Ă©cologique sans nuisances.

Il existe Ă©galement, une association française indĂ©pendante sans but non lucratif qui a pour but d’informer le public sur les pollutions et les risques liĂ©s Ă  la radioactivitĂ© elle s’appelle : la « CRII-RAD ». Elle dispose d’un laboratoire spĂ©cialisĂ© dans les analyses de radioactivitĂ©. Elle effectue depuis plus de 10 ans des contrĂŽles de la teneur de l’air en radon. Les mesures sont effectuĂ©es dans les habitations, pour les particuliers, mais aussi dans les bĂątiments publics et sur les lieux de travail pour les collectivitĂ©s et les industriels.

Risques sanitaires et normes

L’inhalation du radon et surtout de ses descendants radioactifs provoque des lĂ©sions au niveau des cellules pulmo-naires, ce qui augmente le risque de dĂ©velopper un cancer du poumon (adĂ©nome pulmonaire). Le risque augmente avec la concentration et la durĂ©e d’exposition.

En 1982, L’UNSCEAR (comitĂ© scientifique des Nations-Unies) chargĂ© d’étudier les effets des rayonnements ionisants, avait publiĂ© un rapport indiquant que le radon Ă©tait responsable, dans certains pays de 5 Ă  15 % des dĂ©cĂšs par cancer du poumon.

En 1983, la Commission Internationale de Protection Radiologique (CIPR) modifie ses rĂšgles de radioprotection pour que dĂ©sormais les autoritĂ©s nationales s’efforcent de limiter les doses reçues.

En 1987, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) classe le radon parmi les produits cancĂ©rigĂšnes pour l’homme, dans le groupe 1 rĂ©servĂ© aux produits dont la toxicitĂ© est certaine. Une fois respirĂ©s ils peuvent se dĂ©poser dans les poumons et irradier plus spĂ©cialement les bronches et les alvĂ©oles pulmonaires.

En Autriche, suite Ă  une consommation anormale d’une eau contenant du radon en forte concentration, une augmentation des aberrations chromosomiques Ă  Ă©tĂ© mise en Ă©vidence. Des risques plus importants de leucĂ©mies et de cancer du poumon avec des troubles respiratoires Ă©vidents ont Ă©tĂ©s rĂ©pertoriĂ©s.

Le ministĂšre de l’Environnement aux Etats-Unis (EPA) fixe des recommandations prudentes et conseille d’agir dĂšs que la concentration dĂ©passe 150 Bq/m3. Le NRPB du Royaume-Uni recommande une activitĂ© de 100 Bq/m3 pour les bĂątiments neufs et 400 Bq/m3 pour les bĂątiments existants.

Le radon serait la deuxiĂšme cause de mort par cancer du poumon (aprĂšs le tabac). Il y aurait en France, entre 3000 et 5000 victimes et en Belgique 800 Ă  1000 victimes du radon par an.

En 1990, la Commission europĂ©enne a fixĂ© deux limites (27-3-1990, n°180/26), l’une pour les habitations existantes (400 Bq/m3), l’autre pour les futures constructions (200 Bq/m3). Au -delĂ  de ces seuils, elle recommande d’entreprendre des travaux pour rĂ©duire les expositions.

En 1993, la CIPR (Commission Internationale de Protection Radiologique) rappelle aux autoritĂ©s nationales la nĂ©cessitĂ© d’Ă©dicter des seuils. Elle propose une fourchette : une valeur basse (200 Bq/m3) et une valeur haute (600 Bq/m3) au-delĂ  de laquelle elle considĂšre qu’il est presque toujours justifiĂ© d’agir. Elle considĂšre que passer 80% du temps dans un habitat Ă  200 Bq/m3, peut conduire Ă  la survenue d’un cas de cancer du poumon supplĂ©mentaire pour 5 000 personnes exposĂ©es.

En 1996, la directive européenne n° 96/29, impose le recensement de tous les lieux de travail susceptibles de provoquer une exposition accrue au radon. La directive a abaissé la limite de dose efficace à respecter pour les personnes du public de 5 milli Sievert/an à 1 milli Sievert/an.

En 1998, de nombreux pays disposent de seuils d’intervention, certains depuis trĂšs longtemps. En Suisse et en SuĂšde, des limites d’insalubritĂ© ont mĂȘme Ă©tĂ© fixĂ©es. En France et en Belgique, des groupes de travail ont Ă©tĂ© constituĂ©s… mais aucune dĂ©cision n’a encore Ă©tĂ© prise.

Les premiĂšres professions concernĂ©es par l’exposition au radon Ă©taient les mineurs. De nombreuses Ă©tudes ont pu Ă©tablir une relation dose-rĂ©ponse linĂ©aire entre l’exposition au radon et le risque relatif de cancer du poumon. Elle serait de type multiplicatif plutĂŽt qu’additif.

Mais les diffĂ©rences les plus frĂ©quemment soulignĂ©es entre l’exposition des mineurs et du public dans les habitations sont les suivantes :

En moyenne, le risque du public au radon est 20 % moins importante que pour les expositions dans les mines.

Les solutions

La solution la plus simple est d’aĂ©rer le plus souvent possible. Une maison est faite pour respirer. La condamnation dĂ©finitive de volumes (piĂšces, fenĂȘtres, caves
) est fortement dĂ©conseillĂ©e. Il ne faut pas non plus avoir un vide sanitaire bouchĂ©. Un avantage, c’est que ce gaz se « dĂ©sintĂšgre » facilement Ă  l’air libre.

Chaque condition de vie constitue un cas particulier, c’est pour cela qu’il est nĂ©cessaire de demander l’avis d’un scientifique Ă©quipĂ© du matĂ©riel et/ou d’un laboratoire d’analyse indĂ©pendant.

Souvent, les habitudes des occupants, et notamment de la frĂ©quence et de la durĂ©e des aĂ©rations ainsi que le mode de chauffage vont modifier la concentration en radon. Le fait de dormir les volets fermĂ©s mais avec les fenĂȘtres ouvertes peut permettre de rĂ©duire trĂšs fortement le taux de radon d’une chambre. Cette solution dĂ©pend Ă©videmment des conditions atmosphĂ©riques et des saisons.

Des gestes et des rĂ©flexes simples, pour une bonne circulation de l’air dans la maison :

  • AĂ©rer en ouvrant les fenĂȘtres chaque jour, dans toutes les piĂšces, pendant un bon moment
  • Ne pas obturer les bouches d’aĂ©ration
  • Entretenir les systĂšmes d’Ă©vacuation de l’air : tuyaux, filtres

  • Laisser un espace entre les gros meubles et les murs
  • Ne pas mettre d’objets ou de rideaux devant les radiateurs.

Les mĂ©thodes de rĂ©duction techniques des concentrations peuvent ĂȘtre classĂ©es en 3 groupes :

Une premiĂšre solution consiste Ă  empĂȘcher le radon d’entrer en Ă©tanchĂ©ifiant le sol du bĂątiment. Ceci implique d’obturer et de colmater toutes les voies de passage : les fissures, les espaces autour des tuyaux, mais aussi matĂ©riaux poreux et sols de terre battue. Il est possible de placer sous ou sur la dalle en bĂ©ton des membranes Ă©tanches en polyĂ©thylĂšne ou en vinyle dont l’étanchĂ©itĂ© doit ĂȘtre assurĂ©e sur l’ensemble de l’assise de la maison. Ce petit dispositif permettra de faire obstacle au radon en provenance du sous-sol.

Si les matĂ©riaux constituent une source notable de radon, il est recommandĂ© d’appliquer des peintures Ă©tanches permettant de rĂ©duire les Ă©missions.

L’Ă©tanchĂ©ification n’est souvent pas suffisante, surtout pour des niveaux de radon Ă©levĂ©s, mais elle est gĂ©nĂ©ralement nĂ©cessaire pour confĂ©rer aux autres techniques toute leur efficacitĂ©.

On peut Ă©galement « diluer » les concentrations de radon par des apports d’air extĂ©rieur, nettement moins chargĂ© en radon que l’air issu du sol.

Par exemple, l’aĂ©ration naturelle peut ĂȘtre trĂšs efficace, mais difficile Ă  maintenir pour des raisons de tempĂ©rature ou de sĂ©curitĂ©. Une premiĂšre Ă©tape peut consister Ă  percer des ouvertures dans le sous-sol ou le vide sanitaire, sur au moins deux cĂŽtĂ©s. Dans les piĂšces d’habitation il importe de vĂ©rifier la prĂ©sence et l’ouverture correcte des grilles d’aĂ©ration.

Dans les cas plus graves, la mise en place d’un systĂšme de ventilation performant, associĂ©e Ă  une isolation du bĂątiment, permet de rĂ©duire Ă  un niveau acceptable le taux de radon.

La ventilation mĂ©canique permet de mieux maĂźtriser le taux de renouvellement d’air et les dĂ©perditions thermiques. Il faut veiller Ă  ne pas utiliser d’extracteur d’air qui pourrait accroĂźtre le problĂšme en accentuant la dĂ©pression de l’habitat : il faut souffler l’air extĂ©rieur vers l’intĂ©rieur. La ventilation peut ĂȘtre rĂ©glĂ©e afin de mettre l’habitat en lĂ©gĂšre surpression. Des systĂšmes double flux, avec rĂ©cupĂ©ration de chaleur, sont lĂ©gĂšrement plus onĂ©reux Ă  l’achat mais limitent ensuite l’incidence sur les dĂ©penses de chauffage.

Drainer le radon prĂ©sent dans le sol vers l’extĂ©rieur de l’habitation : il s’agit de creuser un puisard sous les fondations et de le relier Ă  un tuyau Ă©quipĂ© d’un ventilateur qui va permettre d’extraire l’air chargĂ© de radon et de le rejeter Ă  l’extĂ©rieur, au niveau du toit. Ce dispositif est souvent prĂ©sentĂ© comme le plus efficace pour les niveaux de radon les plus Ă©levĂ©s. Il agit doublement en retirant le radon avant qu’il ne s’infiltre et en crĂ©ant une zone de dĂ©pression, ce qui stoppe la remontĂ©e du gaz vers les piĂšces intĂ©rieures.

A ce jour, aucune rĂ©glementation n’impose la moindre norme. De plus, la RĂ©gion Wallonne prĂ©voit une prime Ă  la rĂ©habilitation pouvant ĂȘtre octroyĂ©e pour remĂ©dier Ă  une concentration trop importante de radon. Cependant, cette prime n’a encore pratiquement jamais Ă©tĂ© rĂ©clamĂ©e.

Conclusions

Il est nĂ©cessaire de dĂ©velopper l’information auprĂšs des particuliers, des enseignants et des chefs d’entreprises. Il est facile d’obtenir des contrĂŽles indĂ©pendants en laboratoire et sur le terrain Ă  l’aide de professionnels Ă©quipĂ©s de dosimĂštres. Certains lieux devraient ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme prioritaires : les bĂątiments scolaires, les crĂšches, les maternitĂ©s…

Il serait judicieux de fixer des normes « Alara » (aussi bas qu’il est raisonnablement possible de le faire) et rĂ©duire la concentration en radon dans les habitations, les Ă©coles et les lieux de travail. Les organismes officiels recommandent un seuil de 200 Ă  600 Bq/m3 pour les maisons, mais jusqu’Ă  1500 Bq/m3 dans les lieux de travail. Cela est encore beaucoup trop Ă©levĂ© !

Concernant la construction, il est nĂ©cessaire d’obtenir l’adoption de normes de construction anti–radon, en prioritĂ© dans les rĂ©gions Ă  risque, la formation et l’agrĂ©ment des professionnels du bĂątiment pour la conception des constructions anti-radon et le traitement des maisons affectĂ©es. De mĂȘme que des aides pour les travaux de rĂ©duction des concentrations la mise en place de contrĂŽles lors des transactions immobiliĂšres.

Adresse utile

Association et laboratoire indĂ©pendant d’analyse (sĂ©minaires sur la radioactivitĂ©) : « La CRII-RAD »

Commission de Recherche et d’Information IndĂ©pendante sur la RadioactivitĂ©.

471, Avenue Victor Hugo
26000 Valence
France

Tél : 00 33 (0) 4 75 41 82 50
Fax : 00 33 (0) 4 75 81 26 48

Références bibliographiques

Fiche CRII-RAD n° 4, annexe du 07/98 : « Le radon, un gaz radioactif naturel ».

Fiche CRII-RAD du 01/99 : « Le Radon, un gaz radioactif omniprésent ».

Fiche CRII-RAD n°5 du 03/99 : « Incorporation de Substances Naturelles Radioactives dans les Matériaux de Construction ».

« Le Radon dans les habitations. Aspects géologiques du risque ». Compte rendu du Colloque du 26/10/1991. Halle aux foires de Libramont.

Docteur Suzanne Deoux et pierre Deoux : « Le radon en question » MĂ©moire prĂ©sentĂ© pour le diplĂŽme d’universitĂ© en « Environnement et Cancers » Septembre 1993.

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