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Extrait le la revue “The Lancet” Neurology, Vol. 1, Août 2002- La question de millions de dollars concernant la téléphonie mobile

La question de millions de dollars

-Extrait le la revue “The Lancet” Neurology , Vol. 1, Août 2002-

L’utilisation du téléphone mobile (téléphone cellulaire) a augmenté de manière spectaculaire au cours de ces dix dernières années, mais des doutes subsistent à propos de leur sécurité d’utilisation. Gro Harlem Brundtland, Directrice Générale de l’Organisation Mondiale de la Santé (et initiatrice du Principe de Développement Durable) est clairement concernée par les effets de l’utilisation des téléphones mobiles et particulièrement chez les enfants. Elle a pris la parole lors du 18ème Congrès International du Cancer (UICC) à Oslo le 1er juillet 2002 et y a exprimé des préoccupations concernant les enfants utilisant des téléphones mobiles pendant des heures, chaque jour, simplement parce qu’ils ne sont toujours pas suffisamment informés des nuisances que ces téléphones pourraient leur causer.

Tout comme les patients atteints d’un cancer du poumon ont encorné les firmes productrices de tabac dans des procès, les compagnies de téléphonie mobile font front à des actions en justice de patients qui affirment que l’utilisation du téléphone mobile est responsable de leurs cancers du cerveau. En juin, la compagnie Vodafone a admis devant ses actionnaires qu’elle devait faire face à des procès intentés par quatre de ses utilisateurs aux USA. Si une seule de ces plaintes aboutit, la compagnie pourrait encourir des dépenses se chiffrant jusqu’à 1 billion de Dollars. Un autre cas qui a retenu l’attention des médias est celui d’un neurologue américain qui a régulièrement utilisé un téléphone mobile pendant 9 ans pour rester en contact avec ses patients. En 1998, il a été diagnostiqué porteur d’un cancer du cerveau situé derrière l’oreille droite et attaque aujourd’hui Motorola, Verizon Communications et l’Association de l’Industrie des Télécommunications en justice, en réclamant entre autres 800 millions de $ de dommages et intérêts.

En décidant si des cas comme ceux-ci doivent être soumis à la justice, les juges doivent se baser sur des preuves disponibles de manière générale pour se faire leur propre idée concernant les effets sur la santé de l’utilisation de téléphones mobiles. Ce qui n’est pas une tâche facile. Bien que de nombreuses études aient été effectuées ces dix dernières années, les réponses définitives manquent toujours. Un rapport publié en 2000 au Royaume Uni par le Groupe d’Experts Indépendants concernant les téléphones mobiles, a conclu en se basant sur les preuves actuellement disponibles que les téléphones mobiles ne font pas courir de risques pour la santé. Cependant, ce rapport conforte les préoccupations de Mme Brundtland en déclarant: “s’il y a des effets néfastes dus à l’utilisation des téléphones mobiles, inconnus actuellement, les enfants peuvent être plus vulnérables à cause de leur système nerveux en développement, de la plus forte absorption d’énergie dans les tissus de la tête et d’une durée plus longue d’exposition au cours de la vie… nous estimons que l’utilisation étendue des téléphones mobiles par des enfants pour des communications non essentielles devrait être découragée”.

Les effets proposés de l’utilisation des téléphones mobiles sur la santé vont des maux de tête, des troubles du sommeil, de l’augmentation de la tension artérielle jusqu’aux cancers du cerveau, la zone du corps la plus exposée à de faibles niveaux de radiations de fréquences radio émis par les téléphones mobiles. Il est maintenant largement accepté que les téléphones mobiles sont la cause d’un “effet d’échauffement” des tissus de la tête. Le résultat fut que la Commission Internationale de Protection contre les Radiations Non Ionisantes (ICNIRP) a proposé des lignes directrices afin que les radiations non ionisantes émanant des téléphones mobiles ne dépassent pas un taux d’absorption spécifique (S.A.R. ou T.A.S.) donné.

Cependant, on craint aujourd’hui que des effets non thermiques – qui pourraient se manifester en deçà du seuil de sécurité dicté par le taux d’absorption spécifique- puissent causer des dégâts au niveau cellulaire. Une étude publiée dans l’édition de juin 2002 du journal “Differentiation” par des chercheurs de l’Autorité Finlandaise de Sécurité des radiations et de Sécurité Nucléaire a montré qu’une heure d’exposition à des niveaux non thermiques de radiations de fréquences radio provoque une augmentation de l’expression et de l’activité des protéines de réponse au stress dans des cellules endothéliales humaines en culture. Ces cellules qui entourent les vaisseaux sanguins et ont un rôle important dans le maintien de la barrière hémato-encéphalique (barrière sang-cerveau) manifestent des “fuites” lors de tumeurs, ce qui est bien connu. Bien que les auteurs insistent sur le fait que leur étude était purement destinée à déterminer des effets non thermiques à un niveau cellulaire, les résultats ont donné lieu dans les médias à des préoccupations quant à savoir si ces effets peuvent également se produire chez les êtres humains.

Davantage d’études explorant directement les effets de l’usage des téléphones mobiles sur les populations humaines sont nécessaires en toute urgence. Des études menées par l’Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.), par l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer (IARC) et par le Gouvernement de Grande Bretagne sont toutes en cours. Mais, lorsque les résultats de ces études seront publiés (dans 3 à 4 ans à partir d’aujourd’hui) aurons nous appliqué des précautions?

De vastes études confrontant sujets exposés et sujets témoins, menées sur des dizaines de milliers d’utilisateurs de téléphones mobiles seront nécessaires pour démêler ce qui pourrait être des petits risques associés à l’utilisation des téléphones mobiles. L’industrie de la téléphonie mobile occupe sûrement une position lui permettant d’avoir accès aux données nécessaires (enregistrement des facturations correspondant à des millions de téléphones mobiles) et au financement de la réalisation de telles études? Avec l’estimation de 1,6 billions d’utilisateurs de téléphones mobiles dans le monde à la fin de 2005, même une faible association entre l’utilisation de téléphones mobiles et de cancers du cerveau pourrait avoir des implications massives aussi bien pour les utilisateurs que pour les industries.

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