Bureau etudes et vie

Les mesures ELF 50 Hz sur le terrain par J.M. Danze

Les données de mesures recueillies sur le terrain

L’implication des champs électriques et magnétiques dans les habitations, sur les lieux de travail et dans les lieux publics.

par Jean-Marie DANZE (*)

1. Appareils de mesure utilisés

Les mesures ont été et sont toujours effectuées sur le terrain au moyen de deux types d’appareils tous deux certifiés et agréés par l’Environmental Protection Agency (E.P.A., U.S.A.).
Ces appareils ne mesurent que des champs alternatifs.

A. Appareil “Electric Field Measurement – type EFM 130” avec accessoires et perche de mesure pour champs électriques.
Erreur maximale à l’étalonnage en champ magnétique : 0,2 %
Sensibilité : 0,1 mG – 1 V/m.

B. Appareil HOLADAY HI-3604 avec trépied diélectrique et répétiteur connecté par fibres optiques.
Erreur maximale à l’étalonnage : 5 %
Sensibilité : 0,1 mG – 1 V/m.

Des mesures comparatives réalisées dans les mêmes conditions ont donné les mêmes résultats avec les deux appareils. Nous estimons donc que les performances des deux appareils sont équivalentes.

2. Collection des données

La communication présente constitue le recueil de conclusions de nombreuses campagnes de mesures réalisées sur terrain, en France, en Belgique et en Suisse par plusieurs personnes différentes : le Prof. Roger Santini (Villeurbanne, France), le Prof. Pierre Le Ruz (Rennes, France), le Prof. Michel Bousquet (Beauvais, France), Benoit Louppe (Etudes et Vie, Fléron, Belgique), Loïc Lamballais (Melesse, France), Roger Krieg (Habitat Santé, Marmande, France), Hélène Trille (La-Léchère-les Bains, France), Jean Delcoigne (TESLABEL – Bruxelles, Belgique), J.-M. Danze (Aywaille, Belgique). Toutes ces personnes opèrent constamment sur différents sites : exposition aux lignes à très haute tension (380 – 400 kV), mesures dans les habitations, sur des postes de travail dans des industries où le personnel est ou n’est pas exposé à de fortes intensités de champs, sur des postes de travail devant écrans d’ordinateurs.

3. Les unités utilisées

Tous nos appareils de mesures ont pour unités de base le Milligauss (mG) en champ d’induction magnétique et le Volt par mètre (V / m)en champ électrique.

Le milligauss est préféré au microtesla (µT) car il représente l’unité que l’on peut considérer comme appartenant à la plage toxicologique.

Rappelons que 1 mG = 0,1 µT

1 millitesla (mT) = 1000 µT = 10000 mG

L’Ampère par mètre (A / m) est également une unité de champ magnétique.
1 A / m = 12,5 mG

Le champ d’induction magnétique n’est pas influencé par la tension, c’est à dire par le voltage de la ligne ou du transformateur; il est proportionnel à l’intensité du courant (ampérage). Un ampérage élevé donne un champ d’induction magnétique élevé.

Ceci nous montre qu’une rampe de lampes halogènes 12 Volts (donc en très basse tension) peut induire un champ magnétique important en raison de l’ampérage qui parcourt la ligne si celle-ci comprend de nombreux luminaires. Le transformateur, bien qu’en basse tension (220 V / 12 V), engendrera lui aussi un champ magnétique important.

Le champ électrique alternatif (2 Hz à 100 Hz) en rase campagne, en l’absence de toute source artificielle de courant est compris entre 0,010 V / m et 0,013 V / m.
Le champ magnétique alternatif (2 Hz à 100 Hz) en rase campagne, en l’absence de toute source artificielle de courant est compris entre 0,013 mG et 0,015 mG.
Ces deux fourchettes de données ont été actualisées en 1995 par différents laboratoires de géophysique.

4. Le calcul théorique et les mesures réelles

Les sociétés productrices d’électricité ainsi que les experts qui y sont associés prétendent qu’on peut par calcul, déterminer les champs électriques et les champs d’induction magnétique à proximité des lignes à haute tension, à proximité des transformateurs et des différentes sources de champs.

Ces calculs sont parfois conformes à la réalité, mais dans la majorité des cas, l’expérience montre que cette affirmation est dénuée de tout fondement. La complexité des configurations électromagnétiques à l’intérieur des habitations et sur les sites industriels rend les calculs non fiables. De plus, la quantité de courant véhiculée par une ligne de transport ou de distribution ainsi que l’équilibre des phases peuvent fluctuer très fortement. C’est pourquoi la mesure in situ est toujours indispensable pour avoir une représentation exacte de l’exposition. Il est parfois même souhaitable d’effectuer plusieurs mesures par jour afin d’établir une courbe d’exposition individuelle.

Les écarts entre valeurs calculées et valeurs mesurées sont peu prévisibles, en raison également de la nature du sol et des matériaux de construction en présence. Le degré d’imprégnation du sol en eau, la profondeur de la nappe phréatique, la présence de minerais de fer, le degré d’homogénéité du sous-sol sont des facteurs importants d’écarts entre calculs et mesures.

Nous avons mesuré dans deux maisons semblables situées symétriquement par rapport à une ligne T.H.T. 400 kV chargée à 500 Ampères par terne sur deux ternes de part et d’autre de l’axe, un écart de 12 mG (1,2 µT). Les mesures ont été reproduites à plusieurs jours d’intervalle (le calcul donnait pour les points mesurés symétriques par rapport à l’axe de la ligne 16 et 4 mG).

Cependant, on peut considérer qu’en général les champs magnétiques ne sont pas influençables par les matériaux qu’ils traversent sans s’atténuer; seul l’éloignement en diminue l’intensité.

5. Les sites de mesure

Cinq types de sites ont fait l’objet par nous de mesures de champs électriques et magnétiques :

  1. Les maisons d’habitation et les fermes situées à proximité de lignes à très hautes tensions (50 Hz), en France, en Belgique et en Suisse
  2. Les bâtiments industriels où des courants de fortes intensités sont utilisés (présence de transformateurs, de fours à induction et de câbles de transport de courant à l’intérieur des bâtiments)
  3. Les maisons d’habitation situées en dehors de l’influence de lignes à très hautes ou à hautes tensions (mais parfois polluées par des câbles à basse tension (220 V / 380 V) accrochés à la façade ou enterrés dans le trottoir contigu)
  4. Les zones proches des voies de chemin de fer électrifiées en 50 Hz, 25000 Volts (France)
  5. Les zones proches des sites de passage des trains à grande vitesse TGV en France

1. Les maisons d’habitation et les fermes situées à proximité de lignes à très hautes tensions (50 Hz), en France, en Belgique et en Suisse. Nous avons été appelés à maintes reprises à mesurer des champs électriques et magnétiques dans des maisons situées en dessous ou à proximité des lignes T.H.T. 380 kV et 400 kV. Habituellement, il a fallu se contenter de 400 à 600 ampères par terne, ce qui ne donne pas une image nette de l’étendue réelle de la zone d’influence de la ligne quand elle est en “charge de croisière”. Lorsque la charge en ampères est faible, la zone d’influence donnant lieu à des champs magnétiques supérieurs à 2 mG peut se voir réduite de 200 à 100 mètres de part et d’autre de l’axe.
Dans les habitations situées sous les lignes ou à moins de 50 m de l’axe, on note des valeurs de champs électriques comprises entre 10 V/m et 550 V/m et des valeurs de champ d’induction magnétique comprises entre 30 et 120 mG.
Ces mesures se réalisent bien entendu lorsque le compteur électrique de l’habitation a été mis hors circuit, afin d’éviter toute confusion avec les champs produits par l’installation elle-même.
Dans une maison située à 200 m de l’axe d’une ligne 380 kV, nous avons mesuré des valeurs de champs électriques de 5 à 10 V/m et des champs d’induction magnétique de 2 mG.
A 100 m de l’axe, nous avons mesuré 5 mG.

REMARQUES IMPORTANTES :
Sous une ligne à très haute tension, toute structure métallique ou tout conducteur (câble, fil d’acier…) non reliés à la terre peuvent se charger de tensions très élevées. Il s’agit là d’un phénomène d’induction. Lorsqu’une clôture électrifiée délimite une prairie ou un champ situés sous une ligne à très haute tension, la ligne THT induit parfois des voltages élevés dans la boucle constituée par la clôture. Nous avons eu l’occasion de mesurer sur de telles clôtures électriques hors fonction, c’est à dire dont le branchement du courant d’alimentation était coupé, des tensions alternatives comprises entre 4500 et 6000 Volts. Il est donc impérieux de prévenir les fermiers du danger d’électrocution mortelle que constitue une clôture électrique (même hors service) située sous une ligne à très haute tension.
Les sociétés distributrices d’électricité connaissent ce problème (mais évitent d’en faire état en public). Lorsque des ouvriers doivent travailler sur une ligne aérienne à basse ou à moyenne tension hors service, ils relient chaque câble à la terre, car même si la ligne est hors tension, le simple fait d’être à un endroit de son parcours, surplombée par une ligne à haute ou à très haute tension, peut induire de très fortes tensions dans la ligne sur laquelle les ouvriers travaillent et ainsi provoquer des électrocutions.
Ce phénomène d’induction de lignes THT provoque très fréquemment dans les habitations surplombées des destructions d’appareils électriques, de systèmes d’alarme, de servo-mécanismes, voire des départs d’incendies dus à des surtensions du réseau basse tension et “claquage” des gaines isolantes. Nous avons été témoin d’un cas de début d’incendie de ce type dans une habitation près de Strée-Modave (Belgique). La société distributrice d’électricité a reconnu le fait et les ingénieurs ont déclaré que cela se reproduirait certainement à plus ou moins brève échéance (sic!).
Dans les fermes d’élevage, il arrive fréquemment que dans des structures métalliques mises à la terre apparaissent des courants induits par la ligne en surplomb. Ceci vient du fait qu’un courant est induit entre deux points de contact à la terre, possédant des résistances différentes (par exemple entre un ancrage mural et le câble de terre). Lorsque l’animal touche la masse métallique tout en ayant les pieds dans une zone plus conductrice, une décharge se produit. Si l’animal est attaché en un point au moyen d’une chaîne, il est quasi en permanence parcouru par un courant faible, certes, mais qui est un facteur important de stress.
Ces courants faibles en présence d’une induction magnétique extérieure forte doivent obligatoirement se mesurer avec une pince ampèremétrique spéciale, blindée extérieurement : il s’agit de la pince CHAUVIN-ARNOUX C-173.

2. Les bâtiments industriels où des courants de forte intensité sont utilisés (présence de transformateurs, de fours à induction et de câbles de transport de courant à l’intérieur des bâtiments).
Nous avons été appelés dans plusieurs entreprises et dans des usines où des ordinateurs présentaient des anomalies graves de fonctionnement : variations de dimensions des graphes, ondulation de textes, sauts de lignes, données transmises partiellement dans des installations d’ordinateurs en réseau, etc.
Electricité de France, dans un document interne, édité le 17 août 1988 indique que de tels phénomènes peuvent se produire lorsque l’ordinateur est sous l’influence d’un champ magnétique 50 Hz externe à l’ordinateur. On y estime qu’à partir de 5 µT (50 mG), l’utilisation de l’ordinateur devient impossible.
En réalité, une étude suédoise programmée par l’Institut Suédois de Médecine du Travail, montre que certains ordinateurs perdent toute fiabilité ou deviennent tout simplement inutilisables sous un champ magnétique alternatif ambiant supérieur ou égal à 3 mG.
Nous avons pu remarquer que sur des sites mesurés par nous, les champs électriques étaient de l’ordre de 10 à 30 V/m (relativement faibles) et les champs d’induction magnétique 50 Hz de 6 à 10 mG .
Dans un des bureaux étudiés, au sol, sur le trajet de câbles noyés dans la chape, on pouvait mesurer respectivement 26 mG et 6 mG. Etait en cause un mauvais équilibre de phases dans ces câbles triphasés.
Le personnel éprouvait des malaises et des troubles divers: nausées, vertiges, insomnies nocturnes qu’il attribuait aux ordinateurs.
Des entreprises ont fait appel à nos services pour contrôler les émissions d’écrans cathodiques d’ordinateurs (même problème que celui des lignes à haute tension, car au dos des moniteurs vidéo se trouve un transformateur THT. L’absentéisme et le nombre de personnes souffrant de troubles indéfinis : fragilité aux infections, dépressions, nausées, vertiges, perte de conscience, irritabilité, insomnies nocturnes, dermatoses diverses…ont incité les directeurs et les responsables de la sécurité et de l’hygiène, conseillés par les compagnies d’assurance, à nous consulter.
Les écrans vidéo n’étaient pas directement en cause, mais la défection de plusieurs prises de terre (et même des pertes de courant) provoquait des champs électriques de 30 à 150 V/m sur les postes de travail. La réfection des mises à la terre, la mise à la terre de certains luminaires de bureau, l’adaptation de prises de terre sur certains appareils, l’utilisation dans certaines zones de câbles blindés et l’amélioration des qualités résistives de la terre (de 30 ohms à 7 ohms) ont fait disparaître les troubles et réduit l’absentéisme à des taux négligeables.
Après assainissement des installations, les champs électriques ne dépassaient pas 8 V / m (ce qui nous semble plus que satisfaisant pour un poste de travail sédentaire dont le maximum devrait se situer entre 10 et 16 V/m.

3. Les maisons d’habitation situées en dehors de l’influence de lignes à très hautes ou à hautes tensions (mais parfois polluées par des câbles à basse tension 220 V / 380 V, accrochés à la façade ou enterrés dans le trottoir contigu).
Sans influence des réseaux de transport et de distribution de courants extérieurs, les champs mesurés dans les maisons (chambres à coucher et salle de séjour) sont en général assez faibles.
Les installations électriques réalisées selon les normes, au cours des 10 dernières années, ne diffusent pratiquement pas de champs électriques et très peu de champs magnétiques. Toutefois deux exceptions sont à signaler et elles sont de taille ! Il s’agit des chauffages par le sol à résistances électriques noyées dans la chape de béton ou des bandes de résistances chauffantes appliquées aux plafonds. Ces deux procédés de chauffage sont une source très importante de champs magnétiques ambiants (plus de 30 mG à 30 cm du sol ! Nous avons constaté que les personnes vivant dans des habitations équipées de la sorte souffrent de divers troubles, principalement immunitaires, et ces troubles apparaissent très régulièrement au cours de l’année, au moment de la mise en fonction du chauffage pour disparaître au moment de l’arrêt, vers le mois d’avril. Le parallélisme est assez frappant.

La cuisine…
La cuisine, où se trouvent beaucoup d’appareils électroménagers gourmands en énergie : lave vaisselle, cuisinière électrique, plaques de cuisson, four, grille-pain, fait toujours pour nous l’objet d’une certaine minutie dans les mesures. Tous les appareils doivent être mis à la terre, sinon les champs électriques sont présents, même avec les appareils hors-service.
A proximité immédiate des appareils en fonctionnement, (moins de 30 cm), un champ magnétique important (de 3 à 150 mG) est parfois présent, mais il décroît rapidement avec l’éloignement. Même avec tous les appareils en fonction, on mesure à 50 cm, des valeurs comprises entre 1 et 20 V/m en champ électrique et entre 0,5 et 5 mG en champ d’induction magnétique. Une personne circulant dans une cuisine où tout fonctionne simultanément (ce qui est extrêmement rare), est en général exposée à des champs magnétiques compris entre 1 et 2 mG, ce qui est satisfaisant en regard de la dernière proposition officieuse du Conseil National Américain de Protection contre les Radiations (W.R. Adey).
Le fonctionnement d’un four à micro-ondes échappe quelque peu à cette constatation. En effet, un tel four en fonctionnement produit à 1 mètre jusqu’à 30 mG. Il est donc, selon nous conseillé de ne pas stationner trop près d’un tel four, même derrière un mur de briques ou de pierres (d’autant plus qu’à ces émissions en 50 Hz se superposent des fréquences de 2,45 Gigahertz en faible intensité, certes, mais à des niveaux détectables).

La salle de séjour…
Dans les salles de séjour, on mesure souvent des champs électriques au niveau de la table des repas. Ces champs électriques proviennent en général des lustres et luminaires suspendus au plafond et non raccordés à la terre. Il s’agit souvent de masses métalliques conductrices à proximité immédiate (30 cm)desquelles règne parfois un champ électrique atteignant 200 V/m, (même lorsque l’interrupteur est sur la position “éteinte”). Un interrupteur à commande bipolaire permet, dans la plupart des cas, de régler le problème, mais les systèmes à double allumage compliquent les choses. Il faudrait alors utiliser des télérupteurs bipolaires commandés par boutons-poussoirs.

De toute manière, un câble de mise à la terre raccordé à la masse métallique du lustre ou du luminaire, permet toujours d’éliminer en grande partie le champ électrique.

Il ne faut pas oublier que ces lustres et luminaires émettant des champs électriques peuvent également rayonner dans la pièce située au dessus. Une mise à la terre des lustres et luminaires suspendus est donc plus que nécessaire lorsqu’une chambre à coucher se trouve à l’étage.
En parcourant au moyen de la sonde de mesure de champ électrique, le sol de la chambre à coucher surplombant la pièce où se trouve un luminaire non relié à la terre, on peut facilement tracer à la craie la projection de la position de ce luminaire.

Les chaînes HI-FI ne sont pratiquement jamais équipées de câbles de mise à la terre et émettent des champs électriques allant jusqu’à 70 V/m à une distance de 30 cm.

Il ne faut en aucun cas placer un fauteuil ou un divan (endroit de repos) à proximité d’un chauffage électrique à convection, car les champs d’induction magnétique produits par ces appareils ne sont pas à négliger (plus de 2 mG à 30 cm).

La chambre à coucher…
Sur les lits, on observe parfois des champs atteignant 75 V/m. Ces champs proviennent, soit de câbles à deux conducteurs longeant les plinthes (installations en tubes d’acier ou en câbles côte-à-côte sous plomb), soit d’un lustre sans mise à la terre, accroché au plafond de la pièce inférieure, soit de câblages électriques placés à la tête du lit (radio-réveils, lampes de chevet, réveils à affichage digital, chaînes HI-FI, ioniseurs d’air, etc.)
Il ne doit impérativement exister aucun câble, ni aucun appareil électrique à moins d’un mètre cinquante du lit ! On ne peut tolérer plus de 5 V/m sur un oreiller.

Les tubes fluorescents sont une source importante de pollution électrique et magnétique dans la pièce où ils se trouvent (à 1m50 de distance). Lorsqu’ils sont fixés au plafond, ils rayonnent également à l’étage situé au dessus (à travers le plancher). Il est impérieux de mettre à la terre les selfs ferromagnétiques des facteurs de puissance de ces tubes, de placer des interrupteurs bipolaires. Les ballasts électroniques constituent un grand progrès car ils limitent les émissions de champs électriques, mais ils doivent être mis à la terre. Le champ d’induction magnétique d’un tube fluorescent peut atteindre 15 mG à 30 cm de distance. Or il n’existe aucune parade à ces champs magnétiques.

Nous avons analysé le problème plus haut : au cours de nos mesures nous avons rencontré beaucoup d’enfants nerveux, agités, insomniaques, inattentifs à l’école, qui retrouvaient un équilibre après éloignement du lit des sources de champs électromagnétiques. Pas de chaînes HI-FI dans les chambres à coucher !

Des personnes insomniaques, bourrées de somnifères et de tranquillisants, retrouvent parfois un sommeil naturel après avoir écarté de leur lit tous les gadgets électriques (un réveil à piles ne pose aucun problème). Nous connaissons des pharmaciens qui, sensibilisés à ce problème, pourraient en dire long à ce sujet.

Il ne faut pas laisser fonctionner de couverture chauffante sur le lit pendant le sommeil (200 à 300 V/m et 15 mG). Veiller à les débrancher de la prise !

Il ne faut pas placer un lit trop près d’un radiateur électrique ou d’un convecteur électrique, afin d’éviter la présence des champs magnétiques.

Les câbles de distribution du courant fixés aux façades ou enterrés dans les trottoirs contigus posent parfois de réels problèmes.
Dans certaines agglomérations, il n’est pas rare de mesurer, au centre d’une pièce contiguë à des câbles de distribution, des valeurs de champ d’induction magnétique de 4 mG. Cette anomalie provient d’un déséquilibre d’ampérage sur les trois phases du câble. Il serait opportun d’imposer aux sociétés distributrices d’électricité des normes à ce sujet : moins de 2 mG à 50 cm de la paroi intérieure du mur de l’habitation contiguë au câble.

Une telle mesure est réalisable en veillant à une meilleure répartition de la consommation de courant sur les trois phases du câble distributeur (équilibrage des phases), ou à l’utilisation de câbles blindés électriques et magnétiques (déjà disponibles en basse tension pour les installations domestiques (1).

Ces phénomènes ont parfois une nette incidence sur le bon fonctionnement des ordinateurs placés près du mur avoisinant les câbles incriminés.

4. Les Zones proches des voies de chemin de fer électrifiés en 50 Hz, 25.000 Volts (France).
Les chemins de fer français à traction électrique classique, engendrent une pollution électromagnétique négligeable à faible distance des lignes.
Lors du passage d’un train “Corail”, ou d’un train de marchandises, on note à 25 m, au moment du passage de la locomotive, un champ de 3 à 5 mG. La voie déserte, les valeurs se situent entre 0,5 et 1,8 mG.
Le champ électrique reste pratiquement constant et se situe entre 1 V/m et 5 V/m.
Ces valeurs de champ sont très faibles et n’ont aucun rapport avec celles relevées auprès des sites où passe le TGV.

Signalons cependant qu’en hiver, en période de gel, les postes de réchauffage électrique d’aiguillages peuvent engendrer, à proximité des câbles d’apport de courant, des champs magnétiques de l’ordre de 6 à 15 mG à 3 mètres.

5. Les zones proches des sites de passage des trains à grande vitesse (TGV)

Les TGV français fonctionnent sous une tension de 25000 Volts (25 kV) en 50 Hz.
Les accélérations importantes de ces trains nécessitent un apport important de courant (ampérage), on peut donc s’attendre à une émission importante de champ d’induction magnétique, tant à l’intérieur du train qu’à proximité des voies, au moment du passage d’une rame.
Les systèmes de transport du courant et les moteurs de ces véhicules posent les mêmes problèmes d’environnement que les lignes de transport du courant à moyennes tensions (10 kV à 25 kV).
? Dans les trains TGV, les champs d’induction magnétique peuvent atteindre de 20 à 60 mG (2 à 6 µT) dans le poste de pilotage et jusqu’à 63 mG sur les fauteuils des passagers. Des mesures semblables ont été réalisées sur les “High Speed Trains” américains.
? Les champs électriques sont faibles (1 à 2 V/m).
?A l’extérieur des trains, lors du passage de la dernière voiture, nous avons pu mesurer à 30 mètres de l’axe de la voie, un champ d’induction magnétique compris entre 12 mG et 22 mG.
?A l’approche du train (environ 500 mètres), et à 30 mètres de l’axe de la ligne, le champ magnétique est de 2 mG.
?Le champ électrique ne dépasse pas 12 V/m lorsque l’appareil de mesure est entre la grille de protection du site et la voie.

Conclusions

1. Les pollutions électriques domestiques sont très faibles en regard des pollutions par les lignes à haute tension et les transformateurs implantés près des habitations.

2. Les champs électriques mesurés dans les habitations surplombées ou voisines d’une ligne à très haute tension peuvent être de l’ordre de 4500 fois le champ électrique alternatif naturel et 1100 fois le champ magnétique alternatif naturel. Aucune protection contre les champs magnétiques n’est possible !

3. Les pollutions électriques domestiques sont toutes maîtrisables (mise à la terre, réalisation d’installations électriques conçues en connaissance de cause, utilisation de câbles blindés électriques et magnétiques, éloignement des sources de champs des aires de repos, utilisation de biorupteurs), tandis que les pollutions externes à la maison ou à l’appartement, liées aux lignes à haute tension, aux câbles à basse tension 220/380 Volts accrochés aux façades ou enterrés dans les trottoirs longeant les habitations, ne sont pas maîtrisables. Des câbles à moyenne tension (de 10000 à 75000 V) sont parfois également enterrés dans les trottoirs et émettent des champs magnétiques.

Une contrainte est imposée à des personnes sans leur demander leur avis. L’utilité publique est dans bien des cas discutable, car l’électricité est une marchandise qui se vend et obéit aux règles de la concurrence.
Il s’agit dans ces cas d’exposition, d’une violation du principe fondamental de l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme : “Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne”.

4. Le Conseil National Américain de Protection contre les Radiations (NCRP), sous la présidence de W.R. Adey a rédigé un rapport de 800 pages en 1995. Dans ce rapport, les experts mandatés par l’Environmental Protection Agency (EPA) ont émis le souhait de limiter l’exposition du public aux champs magnétiques 50 /60 Hz à 2 mG et aux champs électriques à 10 Volts/mètre. Ce rapport a été communiqué, grâce à une fuite, au journal spécialisé “Microwave News” qui en a donné un résumé dans son édition d’août 1995. L’édition officielle de ce rapport était prévue pour le début de l’année 1996. Mais, en raison de la pression exercée par les industriels et les lobbies de l’électricité, la publication définitive est toujours incertaine (ce cas n’est pas exceptionnel en Europe et aux USA en matière de pollutions électromagnétiques). De plus le collège d’experts du National Institute for Environmental Health Science (USA) a publié un rapport (publication NIH n°98-3981) dans lequel il reconnaît que les champs électromagnétiques tels ceux engendrés par les lignes à haute tension sont susceptibles de provoquer des cancers.

5. Il est donc grand temps qu’à défaut de normes définitives de protection réelle, un Principe de Précaution, tel celui édité par les autorités suédoises et luxembourgeoises, soit appliqué dans nos pays. Ce principe doit prévoir que dans le doute actuel, compte tenu des études existantes, même si certaines d’entre elles sont contradictoires, il est impérieux d’éloigner les lignes à hautes tensions et les sources importantes de champs magnétiques alternatifs des lieux de séjour, de loisirs et de soins. Nous éviterons ainsi les déboires coûteux et traumatisants que nous connaissons à propos de l’amiante, du sang contaminé et de l’encéphalopathie spongiforme bovine où une plus grande prudence, eu égard aux connaissances (même non totalement vérifiées à l’époque) disponibles antérieurement aurait permis d’éviter bien des souffrances.

6. Les valeurs limites proposées dans le projet de la Commission Européenne et par le Comité International de Protection contre les Radiations Non Ionisantes (ICNIRP / O.M.S.) sont beaucoup trop élevées. Elles ne tiennent compte que de la protection contre les effets thermiques (chaleur) et non des effets à long termes d’exposition à de faibles intensités de champ ( 5000 V/m et 1000 mG). Il faut remarquer qu’au cours de plus de 10 années de campagnes de mesures, nous n’avons jamais rencontré ces niveaux de champs sur des lieux publics.
Ces propositions de normes sont-elles destinées à protéger la santé de la population ou les intérêts des industriels ? La question doit être posée !

7. Nous avons appris de source officieuse par des fonctionnaires de la Commission Européenne, que la société Pirelli (Milan) aurait mis au point un câble destiné à enterrer des lignes à très hautes tensions (jusqu’à 1 million de Volts). Ces câbles seraient blindés électriques et magnétiques (céramique) et ils ne présenteraient donc plus de nuisances et auraient une très haute sécurité.


(*) Licencié ès Sciences Chimiques, ex Assistant à l’Institut de Pharmacie (Liège), Consultant en biophysique.
Coauteur de l’ouvrage : “L’Habitat Sain – Maîtriser l’Electrosmog”, Ed. Marco-Pietteur, 2002.

(1)Câbles VMVB commercialisés par la société Pirenne et Ooms, B-4890, Thimister-Clermont (Belgique)

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